Flores Part 6 : Moni, le Kelimutu et Maumere
Salut la compagnie !
Il est tôt, très tôt lorsque nous quittons Riung en direction de Moni, qui sera notre point de départ pour l'ascension du Kelimutu le lendemain matin. Au programme de la journée donc : route, route, un peu de visite, route, route, arrêt déjeuner / hôpital à Ende, route, route et enfin arrivée à Moni.
Le lendemain, la journée commencera encore plus tôt avec l'ascension du Kelimutu de nuit, puis la route jusqu'à Maumere, point final de notre voyage sur Flores, en s'arrêtant dans le désertique mais néanmoins très mignon village de Sikka.
Pour ceux qui ont râté le début de nos vacances en Indonésie, c'est là...
C'est de bonne humeur que nous quittons Riung, après un bon petit déj fait de .... pancake coco / banane ? Et bien non pas cette fois ! Juste quelques petits pains et de la confiture restant de la saison dernière. Décidément cet hôtel aura décidé de ne pas faire d'efforts avec nous...
Peu de photos de cette première partie de route sur laquelle nous dormons comme des loirs...
un village aux maisons à toit pointu, au pied des "montagnes"
et d'un coup, c'est tout plat !
Juste avant d'arriver à Ende, nous nous arrêtons sur une jolie plage de sable noir. Mais l'intérêt de cette plage n'est pas le sable... mais les cailloux que rejette la mer à cet endroit bien précis. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, des tonnes de galets bien ronds et bien blancs sont ramassés sur cette plage et envoyés au Japon, pour décorer les jardins... Quelle histoire !!
C'est à présent l'heure de la pause déjeuner à Ende, petite ville de 60 000 habitants posée au bord de la mer de Savu (mais néanmoins la plus grande ville de Flores !!). Nous n'avons pas réussi à faire une jolie photo mais la ville est comme coincée entre deux volcans (le Maja et l'Iya), qui constituent un paysage magnifique. Avant d'avaler un déjeuner quelconque dans un resto à touristes de la ville, Adi part à la recherche de l'hopital. Et youpi ! Après 20 minutes de balade dans les rues sans intérêt de la ville d'Ende, nous voilà auprès d'un médecin. Bon, 2 minutes de consultation, ça fait pas beaucoup, mais après avoir ausculté mon oreille (elle avait l'appareil elle !), elle me prescrit des médocs pour calmer la douleur et lutter contre l'infection. Ouf !
Nous voilà donc repartis pour encore quelques heures de route en direction de Moni, 1000 mètres plus haut ! Encore une fois, nous sommes subjugués par les paysages de la route...
une oasis au pied des montagnes ?
En chemin, nous nous retrouvons coincés par les travaux d'agrandissement de la route. Comme nous, des nombreux locaux attendent dans leur camion ou sur leur mobylette et observent les pauvres travailleurs (hommes et femmes) s'affairer en plein soleil sur une pente dangereuse...
oui oui cette homme transporte bien des poulets vivants sur sa moto !!
Un peu plus loin, nous sommes encore une fois contraints de patienter car un village effectue une cérémonie. Nous ne pouvons pas entrer dans le village tant qu'ils sont dehors car cela risquerait de nous apporter le mauvais oeil....
Nous continuons à admirer la vue mais le temps se fait long !
Juste avant d'arriver à Moni, nous faisons une halte dans un village traditionnel du pays Lio. Souvenez-vous, il y a deux jours nous visitions les villages traditionnels du pays Ngada. Ces derniers nous ont paru bien plus vivants que ce village, Wologai, où nous n'avons pas croisé âme qui vive ! La belle lumière nous a quand même incités à sortir l'appareil photo pour faire quelques clichés souvenir...
les maisons des villages traditionnels Lio n'ont pas la même architecture que celles du pays Ngada
même les marche-pied sont décorés de gravures
C'est en fin d'après-midi que nous arrivons à Moni. Nous prenons d'abord nos quartiers dans notre hôtel pour ce qui sera une courte nuit. Pas de chance, l'hôtel prévu au programme est complet (3 chambres en même temps...) et c'est dans la confusion la plus totale que nous acceptons une chambre insalubre dans la guesthouse d'à côté. Certainement la chambre la plus crade dans laquelle nous avons jamais dormi. Cette guesthouse est tenue par une famille du pays. Nous sommes accueillis par la mama de la famille, catholique quasiment intégriste. Nous avons droit à un interrogatoire pour savoir si nous sommes mariés, pourquoi, quelles sont nos croyances religieuses... En retour, elle nous fait part de sa foi et nous explique que tous ces enfants ont chacun 4 à 5 prénoms de saints. Nous nous demandons un peu où nous sommes tombés mais à ce moment-là nous sommes toujours convaincus d'être dans la guesthouse prévue au programme et ne voulons pas causer du tort à Adi en changeant d'hotel.... Ce n'est qu'au diner que nous comprendrons que les 2 guesthouse sont collées mais n'ont ABSOLUMENT rien à voir ! Celle prévue au programme coûtait exactement le même prix mais proposait un confort bien bien meilleur. Bref, on s'est fait avoir dans LE village LE PLUS touristique de Flores...
Car en effet, mais pourquoi donc s'arrêter à Moni ? Et bien c'est le point de départ pour atteindre le sommet du volcan Kelimutu au lever du soleil pardi ! D'aileurs, la majorité des touristes qui visitent Flores ne viennent que pour ça (et puis peut-être le parc des Komodo...). L'ambiance est donc légèrement différente que dans le reste de l'île, moins naturelle je dirais...
Avant d'aller dîner, nous nous offrons une petite balade dans Moni, et vite hors de Moni car l'unique rue permet de traverser le village en 10 minutes à pied !
paysages magnifiques en contrebas de Moni
oui oui c'est bien l'intégralité du village de Moni au fond, derrière moi !
Le dîner se passe sans encombres ni régal culinaire. Le seul point positif est que nous avons enfin réussi à offrir quelque chose à Adi ! Nous lui avons tendu un piège... Alors qu'il discutait avec une de ses connaissances au restaurant / boui boui, nous avons offert un verre de bière à son ami, qui a accepté avec plaisir. Du coup, notre cher Adi n'a cette fois pas pu refuser et nous avons pu lui offrir une bière méritée. Ouf !
Le lendemain matin (après un pancake à la banane et à la noix de coco bien sûr !!), il est à peine 4h du matin lorsque nous rejoignons un couple d'australiens rencontré la veille au dîner. Harcelés par tous les propriétaires de voitures pour se faire conduire au Kelimutu, ils ont finalement préféré profiter des 2 places de libres dans notre voiture, et ils ont bien eu raison ! Elle est une spécialiste des plantes, lui un expert des oiseaux, et c'est le but de leur expédition à Flores: observer la nature spécifique de l'île. Pas courant pour des australiens....
Ce couple bien sympathique a donc effectué avec nous la courte ascension (moins d'une heure !) vers le point de vue situé sur la crète des cratères, au-dessus des lacs du volcan Kelimutu, à 1640 mètres d'altitude. La difficulté se situant plutôt dans l'orientation car il faisait vraiment nuit NOIRE !
Heureusement nous avons nos lampes frontales !
Le volcan Kelimutu attire autant de touristes en raison des trois lacs qui se sont formés dans le cratère. Depuis la dernière éruption, ces derniers n'ont pas cessé de changer de couleur ! S'ils étaient bleu, blanc et rouge dans les années 60, ils sont maintenant d'une toute autre couleur. Une légende locale voit dans le volcan la demeure du dieu Konderatu et de sa femme Bobi. Les Lio, qui vont régulièrement faire des offrandes de riz et de bétel, sont convaincus que les âmes des personnes mortes jeunes trouvent refuge dans le lac Tiwu Ata Polo aux reflets vitreux vert sombre, celles des anciens dans le Tiwu Ata Koofai Nuwamuri d'un bleu vert laiteux, et celles des voleurs et des criminels dans les eaux noires du Kawa Ata Mbupu. Les scientifiques quant à eux avancent des explications beaucoup plus prosaïques aux éruptions du volcan (la dernière ayant eu lieu en 1968) et aux variations de couleurs des lac, dues à un mélange instable d'acides, de vapeurs de soufre et de minerai de fer.
Le jour se lève tout doucement... Sans pied, nos premières photos sont complètement floues ! Nous patientons donc jusqu'à ce qu'il y ait un peu plus de lumière...
aux premières lueurs du jour...
au premier plan, le lac Tiwu Ata Koofai Nuwamuri, au second plan le lac Tiwu Ata Polo
Brrrr...il fait froid à 1640m au lever du jour... et je confirme que l'ikat tient chaud !
le soleil se lève petit à petit mais nous n'avons pas eu de chance :
le ciel nuageux nous a privés de photos magnifiques au lever du jour
petit à petit la lumière fait apparaître les couleurs des lacs
frigorifiés devant les lacs.... merci les australiens pour la photo !
on aperçoit à présent le chemin que nous avons parcouru de nuit
ainsi que le point de vue à partir duquel nous avons pris les photos
Il fait bien jour à présent. Il est temps pour nous de descendre nous réchauffer, et aussi de prendre la route direction Maumere, le terme de notre traversée de Flores. Sur le chemin, nous croisons des petits singes que n'avions pas pu voir dans notre ascension de nuit !
De retour à notre "hôtel", nous sommes agréablement surpris car nous avons droit à un deuxième petit déjeuner, chouette ! Encore des pancakes à la banane et du thé !! Cette fois il nous est servi par un des fils de la famille. Car la mama, comme la quasi totalité du village, est partie à la messe : on est dimanche matin ! Comme la terrasse de l'hôtel donne sur la cour de l'église, nous observons les fidèles qui s'amassent sur le parvis d'où ils suivent la messe grâce à des haut-parleurs, il n'y a pas assez de place pour tout le monde à l'intérieur ! Wahou ça ne rigole pas pour un petit village comme Moni ! Nous mourons d'envie de descendre jeter un oeil, et surtout, photographier les femmes du villages parées de leur plus bel ikat pour l'occasion ! Mais nous sommes rapidement arrêtés dans notre élan par le fils de la mama : ce n'est pas un endroit pour les touristes, et puis nous risquerions de déconcentrer les enfants qui voudraient jouer avec nous. Ah.... Nous voilà bien déçus...
C'est donc avec un petit regret que nous quittons Moni. Le paysage sur la route offre encore de jolis paysages mais nous n'avons plus la foi de prendre des photos. Et le réveil à 4h nous a un peu assommés aussi... Cependant il nous semble que nous filons bien vite sur la route... Il y avait des arrêts prévus au programme avant d'arriver à Moni ! Nous posons la question à Adi, qui (miraculeusement) a compris, et nous explique bien penaud qu'il aimerait nous déposer à Maumere le plus rapidement possible afin de repartir directement pour Labuanbajo. En effet, si ses logements lui sont payés lors de la traversée de l'île, rien n'est prévu à Maumere... Nous voilà un peu déçus... Le service devait prendre fin le lendemain matin à l'aéroport ! Bon, nous trouverons bien une solution ! En attendant, nous insistons quand même pour faire un détour par le petit village de Sikka, posé en bord de mer. Adi accepte, et nous ne sommes pas déçus du voyage ! Au 17ème siècle, Sikka comptait parmi les premières implantations portugaises à Flores. Mais c'est un missionnaire normand, Le Cocq d'Armandville, qui laissa son nom à l'église, inaugurée par ses soins en 1899. Ses murs sont peints de motifs d'ikats de la région.
les rues de Sikka, village oasis en bord de mer...
on se demande comment ils ont osé construire si près de l'eau !
la couleur bleu turquoise est typique des cimtières florésiens
Saurez-vous trouver Sangoku sur cette photo ???
magnifique architecture en bois apparente
les murs peints avec des motifs d'ikat et la plaque en mémoire de celui
qui a inauguré l'église voilà plus d'un siècle
une femme du village portant l'ikat et deux enfants
dès que l'on s'éloigne du bord de mer, on aperçoit les reliefs de l'île
l'une des deux rues principales du village
seuls touristes dans les parages, nous sommes encerclés par les vendeuses
d'ikats dès notre descente de voiture
Nous reprenons la route direction Maumere, sans ikat de Sikka. Leur caractéristique est d'être très colorés et ceux qui nous ont été présentés étaient plutôt d'un marron déprimant. Nous sommes donc repartis bredouilles, laissant une dizaine de déçues ranger tristement leur marchandise...
Nous longeons encore un peu la côte avant de repiquer dans les terres et de traverser Flores dans la largeur pour atteindre Maumere de l'autre côté, au bord de la mer de Flores.
C'est à l'heure du déjeuner que nous arrivons à Maumere. Grosse bourgade bruyante sans charme, avec ses rues de terre sèche, elle semble bien plus aride que toutes les villes que nous avons traversées. Nous apprendrons plus tard - grâce à notre meilleur ami le guide Michelin- qu'elle est le foyer du catholiscisme à Flores. Depuis l'arrivée des premiers dominicains portugais au 16è siècle, elle a vu passer quantité de missionaires hollandais, allemands et portugais. Fervents chrétiens, les Sikka (l'éthnie locale) évoquent encore avec émotion le souvenir de la visite du pape Jean-Paul II en 1989. La ville a aussi subi un terrible tsunami en 1992, une vague géante de 30 mètres de haut causant la mort de 2500 personnes sur les 50 000 habitants que compte la ville.
Adi nous emmène déjeuner chez un de ses amis, dans un boui boui de la ville où je ne pense pas que nous aurions mis les pieds tous seuls... L'endroit fait miteux, sale, et la décoration est assez effrayante : des dizaines de crucifix et de portraits de Jésus en martyr ornent les murs... Glauque, c'est le mot...
Le repas est néanmoins simple mais bon : une soupe de poisson et du riz blanc.
Nous quittons sans regret le petit restaurant et nous dirigeons vers l'hôtel le plus luxueux de la ville : l'hôtel Sylvia ! C'est un vrai bâtiment en dur, avec plusieurs dizaines de chambres, une piscine, la clim... Bref un hôtel classique mais avec la traversée de Flores cela nous emble le comble du luxe !! Adi est tellement impressioné par l'hôtel qu'il nous demande de rentrer dans la chambre pour jeter un coup d'oeil... Il en reste bouche bée, surtout quand il voit la salle de bain avec baignoire ! Il est alors temps pour nous de dire au revoir à Adi, qui doit rebrousser chemin afin d'aller chercher de nouveaux touristes à Labuanbajo. Les habitudes ont la vie dure, il accepte difficilement le pourboire que nous voulons lui donner !
De notre côté, épuisés, nous planifions donc de passer l'intégralité de notre après-midi dans l'hôtel, entre la piscine et la télé... Et c'est ce que nous avons fait !
Après une bonne nuit de sommeil, une connaissance d'Adi nous conduit à l'aéroport (encore une fois plutôt un aérodrome !) où nous attend notre petit avion: direction Ubud, Bali !!
Dans le prochain article, nous retrouverons la civilisation à Ubud (quel choc!) et nous en profiterons pour nous détendre, apprécier l'art balinais et faire quelques emplettes...