Flores Part 5 : Riung et les îles Tujuhbelas
De retour pour la suite de nos aventures sur Flores...
Nous vous avons quitté à l'hotel, un peu bourrés mais pas trop après avoir bu de l'arrack.
Le lendemain matin, un long périple nous attend: rejoindre le village de Riung, sur la côté nord de l'île. Et c'est un grand challenge... Pourquoi ? Tout simplement car il n'est pas situé sur la grand route qui traverse Flores (la transflorésienne pour mémoire)... La route pour y accéder est encore plus mauvaise... Oui oui ça existe ! C'est pourquoi la plupart des touristes font l'impasse et rejoignent directement Moni pour l'ascension du Kelimutu.
Pour ceux qui ont râté le début de nos vacances en Indonésie, c'est là...
C'est donc assez tôt que nous prenons la route direction Riung. Nous nous arrêtons en chemin pour admirer un paysage magnifique du haut d'un point de vue.
le volcan Inérie, le volcan parfait !
Un peu avant midi, nous faisons une halte aux sources chaudes près du village de Mengeruda. Niché dans un petit écrin de verdure, le bassin principal est brûlant !! En contrebas, le torrent est moins chaud, mais reste très agréable, un peu comme un bain ! Lorsque nous arrivons, le site est quasiment désert. Puis petit à petit des familles de florésiens arrivent car c'est l'heure de la toilette... Je suis un peu mal à l'aise avec mon maillot (il s'agit pourtant d'un une pièce !), je finis donc par enfiler un short et me baigner avec... Mais c'est encore bien découvert par rapport aux femmes qui s'immergent toutes habillées. Enfin, je dis ça je dis rien, mais c'est pas pratique quand même pour se laver...
Adi se joint à nous et en profite pour se changer pour la première fois du séjour ! Se changer... de caleçon, hein ! Le T-shirt ça sera pour plus tard. C'est vrai qu'il fait à peine chaud sur cette île...
Nous profitons du magnifique petit parc ombragé pour déjeuner et déguster notre boîte repas, préparée par le petit boui boui de l'hôtel. Un petit fried rice après la baignade, ça fait du bien !
Le reste du trajet est un supplice... La route est tellement défoncée que nous roulons à moins de 5 km / h sur plusieurs kilomètres... Il y a des trous partout... Crevés, nous nous endormons régulièrement à l'arrière mais les sauts que fait la voiture nous réveillent régulièrement.
Il faut dire que ce n'est pas très habité comme région... Nous croisons de temps en temps quelques maisons, regroupées en petits hameaux. Les habitants du coin sont malins eux: oubliée la voiture, leurs deux-roues leur permettent de se frayer un chemin entre les trous... et donc de nous doubler sans cesse !! Le paysage est magnifique... Il oscille entre forêt luxuriante, palmiers, bambous, rizières balinaises et forêt de basse montagne... C'est sur ce trajet que nous prenons vraiment conscience de la diversité des paysages florésiens, sur une si petite surface... Nous repensons en comparaison à nos heures de voyage sur les routes des USA, où le paysage est figé pendant des centaines de kilomètres. Quel contraste !
Des vues à couper le souffle !
des fleurs rouges bien jolies mais impossible de mettre la main sur leur nom...
des bambous de 30 mètres de haut !!!
des écoles catholiques au milieu de nulle part !
Adi nous indique la direction de Riung : "là-bas, derrière ces collines!" (enfin il dit ça avec les mains...). Et nous : "si loin??"
Nous arrivons en fin d'après-midi dans le petit village de Riung. Quel dépaysement ! Je m'attendais à trouver un petit village au bord de l'eau, les petites rues qui sentent le poisson... Et bien pas du tout ! Le village ressemble à une oasis. Il se résume en fait à quelques dizaines de maisons parsemées au milieu des palmiers, le tout à 500 mètres de la mer. Au bord de l'eau, quelques maisons de bois abritent les pêcheurs Bugis. Elles semblent comme mises à l'écart du village par une longue route qui passe au milieu d'un marais. La faute à la montée des eaux ? L'arrivée au "port" du village est saisissant... Quelques bateaux seulement, arrimés à un vieu ponton qui tombe en ruine... Le coin n'est pas désert mais il n'y a pas foule non plus.. Nous assistons alors à un magnifique coucher de soleil, tous les 2 perdus, là, au bout du monde...
la route entre les maisons principales et le "port"
maisons bugis posées au bord de l'eau jusque dans la mangrove
la jetée du port de Riung (si si...)
et derrière moi l'intégralité du port (si si...)
encore un monobras !!! décidément on les attire ! (ou Nico les cherche...)
Ah voilà le meilleur cliché du port, on le voit bien là
Dans cette ville qui nous parait désertique, il n'y a pas d'éclairage public...ou très peu ! Je traine donc des pieds pour aller explorer les maisons les plus éloignées, à l'aide d'une lampe torche... Nous n'y allons donc finalement pas... Se pose le problème du dîner... Apparemment notre hôtel doit faire restaurant en haute saison (il y a une grande salle à manger) mais ils n'ont pas l'air décidés à cuisiner que pour nous deux... Notre guide fait bien allusion à deux restaurants dans le village mais vraiment, nous ne voyons pas où ils peuvent bien être...
Heureusement pour nous, la venue de touristes dans un si petite bourgade fait vite le tour de toutes les oreilles ! Et à notre retour de la balade sur le port, Anto (presque aussi black qu'en Afrique, des rastas jusqu'aux fesses) nous attends pour nous proposer plein de choses : d'abord, une journée de snorkelling sur un bateau de pêche le lendemain (ça tombe bien, c'est pour ça qu'on est venus à Riung ! pour visiter les îles Tuhjubelas) et aussi de tester un tout nouveau restaurant qu'ils viennent d'ouvrir avec des copains.
Chouette alors ! Bon, il nous raconte que le restaurant va ouvrir prochainement, qu'il n'y a pas de carte alors qu'est-ce qu'on aimerait manger ce soir ??" Euh... ce qu'il y a de frais ?" Pas de soucis pour Anto qui va essayer de nous dégoter du poisson et du calmar auprès des pêcheurs. Un peu de riz et des légumes avec ça et ce sera parfait !
C'est donc complètement confiants que nous nous dirigeons vers la "paillote" qu'il nous a indiquées. Un tout petit peu de béton, quatre planches de bois : c'est le restaurant "Del mar". Enfin, y'a pas de pancarte mais c'est comme ça que l'imagine Anto, alors on ne va pas le contrarier ! D'ailleurs il est bien sympathique cet Anto ! Il baragouine du français et ça le fait marrer de toutes ses dents à chaque fois qu'il essaye de nous parler.
Assis à l'une des trois tables du "restaurant", on a une vue magnifique sur la "cuisine" : le feu de bois posé par terre à côté de nous où cuit notre poisson, un poisson perroquet, ceux qu'on voit partout en snorkelling. Je ne dirais pas que nous sommes effrayés (Nico adore ce genre de situation) mais pour ma part, je me demande ce qu'on fait là, tous les deux perdus au bout d'un chemin, seuls dans un resto qui n'existe pas encore, avec 4 indonésiens qui nous cuisinent du poisson grillé et nous proposent de la bière... "Ah on a pas encore de frigo (en auront-ils jamais ?) alors on l'a tenue fraiche avec des glaçons, j'espère que ça va..." "Oui oui ça ira très bien..."
Le poisson est excellent, on se régale des petits accomagnements, servis comme des rois ! On a même eu droit à la bougie, si c'est pas mignon ! Une fois que nous avons fini, toute la petite bande se prépare elle aussi un bon dîner de poisson et de riz, et le déguste à côté de nous. Une discussion s'entame, on nous propose de l'arrack, ça y est, nous sommes acceptés ! Si vous avez bien suivi, de l'arrack, cela ne se refuse pas ! Comme on se sent un peu à l'aise, on leur dit que quand même, il est fort leur arrack ! Qu'à cela ne tienne, demain on aura des arrackitos (mojito à l'arrack) !
"Ah bon alors demain on revient manger là ?" "Ben oui, d'ailleurs vous voulez manger quoi ??"
Un petit doute nous étreint au moment de demander l'addition, va-t-on se faire plumer et accepter gentiment parce qu'on n'a pas le choix ? Et bien pas du tout.... On a mangé et bu à deux pour 10 euros, que demande le peuple ?
Le lendemain, nous retrouvons donc Anto et un pêcheur et son fils pour la journée snorkelling. Nous réussissons finalement à convaincre Adi notre chauffeur de nous accompagner, mais ce n'est pas facile, il n'a pas l'air d'avoir le pied marin !
Nous sommes donc partis tous les 6 ! Mais avant d'aller se baigner ou d'accoster sur l'une des magnifiques îles Tujuhbelas (sur lesquelles nous reviendons plus tard), Anto nous dit en français que l'on va aller voir les "saussouries", qu'il y a "beaucoup beaucoup saussouries". Et lui de se taper la cuisse en se moquant de nos regards ahuris. Mais de quoi parle-t-il ?? Arborant toujours une grande banane malgré notre visible incompréhension, Anto nous explique qu'on va aller voir des chauves souris (bats). Ahhhhhh : des chauves-souris ! Une importante colonie de chauves-souris géantes a trouvé refuge dans la mangrove de la plus grande île (Pulau Ontoloe). Impressionant... Et dire que je n'avais jamais vu de chauve-souris avant !
les chauves-souris sur les arbres de la mangrove, il ne manque plus qu'un vautour !
C'est drôle, les photos ne rendent pas compte de la quantité des chauves-souris. Il y en avait vraiment partout, sur des centaines de mètres de côte...
Peut-être que la vidéo rendra mieux... En tous cas, si elle ne rend pas compte du nombre, elle rend bien compte du bruit de ces petites bêtes...assourdissant ! Dans la vidéo, on entend les cris d'Anto pour réveiller et faire s'envoler les chauves-souris. Ca marche plutôt bien, mais je les trouve plutôt sympas pour avoir été réveillées en plein sommeil ! A leur place, je l'aurais mal pris :)
A présent il est temps de commencer la journée de découverte des îles Tujuhbelas. Au nombre de 23, comme leur nom ne l'indique pas ("Tujuhbelas" signifie "dix-sept îles" car la fête nationale est le 17 août!), ces petites îles paradisiaques sont totalement désertes. Par rapport aux îles de Malaisie ou de Thaïlande cela nous fait un choc : on a trouvé plus perdu et presque aussi beau...
direction les îles !
En chemin, les paysages sont magnifiques !! Vues sur la côte de Flores...
Les coraux sont magnifiquement préservés, nous en voyons des violets pour la première fois ! Pas mal de poissons aussi, mais on est un peu blasés après nos précédntes plongées (oui oui on se la pète un peu).
Ce n'est pas Anto mais le pêcheur qui plonge à l'eau avec nous pour nous montrer les petites merveilles de son environement à lui. Et il nous remonte un drôle de poisson : tellement gonflé qu'on dirait qu'il va exploser ! Il est trop drôle: plein d'air, il flotte à la surface quand on le relache. Et dire qu'il est si banal (voire moche) au fond de l'eau ! Si on avait su, on les aurait touchés plus tôt ces poissons là (que l'on a croisés très souvent dans les précédentes plongées).
Ci-dessus le poisson tout moche avant contact... Ci-dessous après contact !!!
mais quelle grosse bouille trop mignonne ! On dirait un personnage de dessin animé !!
La baignade ça donne faim ! Nos "guides" cherchent une île pour prendre notre déjeuner...
oui celle-ci est parfaite, il y a même déjà leur équipement pour cuisiner ! ;)
oui en effet elle est pas mal cette île, et la plage est cool
Du coup on est CONTENTS !!
Seuls au bout du monde sur une île déserte, nous nous apprêtons à manger comme Robinson Crusoé (ou presque... car ils ont sorti la dinette juste pour nous...)
tout est prévu pour rendre l'attente plus qu'agréable....
Après une petite sieste bien méritée pour tout le monde, on repart pour un peu plus de snorkelling sur d'autres îles du coin. C'est toujours très joli !
Ca y est, il est temps de rentrer... Le soleil se couche et le temps semble se gater un peu. Adi commence-t-il à se détendre et à apprécier la balade sur l'eau ou alors se réjouit-il à l'idée de remettre le pied sur terre (ou plutôt dans sa voiture) ?
Nous remangeons donc comme prévu au petit resto d'Anto le soir même, et avons droit à encore plus de monde pour nous servir. En fait ils font une soirée entre potes. On boit de l'arrack (en cocktail cette fois) et c'est pas trop mal... Bon... Remplacer la menthe par le basilique asiatique c'est un choix (ou une contrainte), mais nous on aurait pas fait comme ça !
Nous regagnons notre hotel (une sorte d'ancien couvent catholique avec toutes les chambres qui ouvrent sur un patio), prêt à nous lever aux aurores le lendemain. La route est longue pour rejoindre Moni... Surtout si l'on doit s'arrêter à Ende pour enfin trouver un médecin et / ou un hopital et / ou une pharmacie pour soigner mon oreille....qui a commencé à me faire mal en arrivant à Riung mais comme vous vous en doutez, on n'a trouvé personne pour me soigner ! Il y a avait bien un docteur (que nous n'avons jamais vu) mais selon l'infirmière, il n'avait pas le "matériel" pour m'ausculter...
Retrouvez-nous donc dans le prochain article sur la route entre Riung et Moni, puis dans notre ascension nocturne du volcan Kelimutu et la découverte de ses trois lacs aux couleurs bien étranges...
N&C